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Rencontre avec M. Kampf

Chaque mois, Entrées libres (NDLR : mensuel de l’enseignement catholique) met en lumière un de ces métiers de l’ombre qui font tourner nos écoles et sans lesquels les élèves, les profs et les directions ne pourraient pas s’épanouir au mieux dans leur établissement. Premier invité : Daniel Kampff. Il est responsable technique et chef de l’équipe d’ouvriers polyvalents du collège Jean XXIII à Woluwe-Saint-Pierre, qui s’étend sur plusieurs implantations. Laurence Dupuis est parti à sa rencontre.

 Quel est votre parcours ? « Je suis originaire d’Argentine. Cela s’entend à mon accent ! En Argentine, j’ai obtenu un master en administration et gestion des entreprises après mes secondaires. Le problème c’est que ce diplôme n’est pas du tout valable en Belgique, pays dans lequel je suis arrivé en 2005. J’ai trouvé un emploi ici à Jean XXIII en tant qu’ouvrier d’entretien et de nettoyage. Cela n’a pas été facile de trouver un emploi car je ne parlais pas du tout le français en arrivant. Rapidement, j’ai pu montrer mes habiletés car j’étais capable d’utiliser des machines et de réfléchir rapidement. Je connais beaucoup de choses grâce à mon père qui m’a transmis son savoir-faire. On m’a donc transféré de l’équipe nettoyage vers l’équipe technique. Pendant 3 ans j’y ai collaboré et lorsque le chef de l’équipe technique est parti à la retraite, la direction m’a offert le poste. » 

Pourquoi avez-vous accepté ce travail ? « Je l’ai vu comme une possibilité de progresser dans mon parcours. C’était un défi de passer de presque rien à une fonction avec plus de responsabilités. Mon équipe est constituée de 6 travailleurs pour le nettoyage et 4 ouvriers pour l’aspect technique. Nous travaillons dans les deux implantations primaires et dans les locaux du secondaire. C’est très vaste ! » 

À quoi ressemble une journée-type ? « L’équipe au complet commence à 7h. D’un côté le nettoyage, pour que tout soit propre à l’arrivée des élèves. De l’autre, l’aspect technique : je vérifie les chaudières, la température des locaux…Ensuite je commence à réceptionner les demandes de petits travaux sur tous les sites. Entre 7h et 9h, on travaille un maximum car le champ est libre pour travailler efficacement sans les élèves. Pendant le reste de la journée, il faut organiser l’horaire avec des travaux qui ne perturbent pas trop les cours. Le planning est compliqué à gérer ! Chaque vendredi, je rencontre les directions pour faire un compte-rendu de ce qui a été fait et les demandes de travaux à venir. On avance positivement ensemble, je peux expliquer ce qui est faisable ou pas, c’est un dialogue. » 

Êtes-vous heureux dans votre travail ? « Oui. Il y a des hauts et des bas bien entendu mais je me sens très reconnu par la direction et j’en suis fier. On me remercie et on me fait confiance. Jamais je n’aurais espéré en arriver là lorsque je suis arrivé en Belgique. » 

Avez-vous un message pour les jeunes ? « Oui, et un très important : il faut travailler ! Je viens d’un pays compliqué au niveau économique. J’ai commencé à travailler à 13 ans et je n’ai jamais arrêté. Il faut avancer, donner tout ce qu’on a et garder espoir. C’est comme ça qu’on réussit. »  

Source : Entrées libres, p22, n°162, octobre 2021

http://www.entrees-libres.be/wp-content/uploads/2021/10/EL-162-22.pdf

 

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