CAN 2023 : Un supporter heureux au collège !
Vous ne l’ignorez sans doute pas, en ce début d’année 2024 s’est déroulé la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football en Côte d’Ivoire. Ce dimanche a eu lieu la finale qui a vu gagner, à domicile, les “Éléphants” (noms des joueurs ivoiriens) face à l’équipe du Nigéria ! L’équipe eXXpressIIIons est allée à la rencontre de Monsieur Soh, professeur de sciences au collège, ivoirien et fervent supporter des Éléphants, pour revivre avec lui les moments forts du tournoi !
eXXpressIIIons : “Bonjour Monsieur Soh, quel est votre sentiment après la victoire de l’équipe nationale de football de la Côte d’Ivoire à la CAN ?”
M. Soh : “La CAN de cette année a été baptisée CAN de l’ « hospitalité » en référence à cette vertu qui caractérise le peuple ivoirien dans son ensemble. Il n’y a pas de mots pour décrire les sentiments qui m’animent après la victoire des éléphants à la CAN : heureux d’avoir organisé cette CAN, la plus belle CAN de l’histoire du football africain, fier que mon pays ait accueilli l’Afrique tout entière et surtout, j’éprouve une grande joie à l’idée que ce trophée soit resté en Côte d’Ivoire. Je suis très heureux que les éléphants aient pu graver leur troisième étoile !”
eXX : “Quels sont les moments les plus mémorables de ce parcours victorieux pour l’équipe ivoirienne ?”
M. Soh : ” Depuis la cérémonie d’ouverture le 13 janvier jusqu’à la finale disputée ce dimanche 11 février, l’équipe ivoirienne a vécu avec son peuple des moments inoubliables riches en émotions, des rebondissements de situations incroyables.
Je retiens ce troisième match de poule face à la Guinée équatoriale. Nous sommes battus 4 à 0. Du jamais vu dans l’histoire du foot ivoirien, ce n’était pas une défaite mais plutôt une humiliation. Nous étions tous abattus, quasi éliminés de « notre propre CAN ».
Grâce au Maroc, à qui nous disons merci, nous terminons 4ème des meilleurs troisièmes ; quelle histoire ! Nous parvenons à nous qualifier pour les 1/8ème de finale.
En 1/8ème de finale, nous jouons le Sénégal, meilleure équipe africaine et détentrice du trophée. Toutes les équipes dans ce tournoi voulaient éviter le Sénégal. Personne ne donnait cher de notre peau. À l’issue de la rencontre, les ivoiriens parviennent à l’emporter grâce à une séance de tirs aux buts (5-4). Nous sommes ressuscités !
Les 1/4 de finale nous opposent aux aigles du Mali. Quel match ! Sensationnel tout simplement. Généralement, à la fin d’un match, les cafés sont débordés. Mais à la fin du match Mali-Côte d’Ivoire, ce sont les centres de cardiologie qui refusaient du monde. À 10 contre 11 depuis la première mi-temps, et menés à l’heure de jeu de la seconde mi-temps, les éléphants parviennent à tout renverser et à l’emporter à la dernière seconde des prolongations. Score final, 2 buts à 1. Du jamais vu, le miracle continue…
En demi-finale, nous avons pu assoir notre jeu et maîtriser la rencontre. Nous avons écarté les Léopards de la RDC, une très bonne équipe.
La finale contre les Super Eagles du Nigéria était aussi riche en émotions. Menés 1-0 depuis la demi-heure de jeu, nous réussissions à l’emporter 2-1 au terme de la rencontre.
C’est euphorique…”
eXX : “Quels aspects du jeu de l’équipe ivoirienne ont contribué le plus à sa victoire dans le tournoi ?”
M. Soh : “Après la défaite contre la Guinée équatoriale, l’entraineur ivoirien Jean Louis Gasset a rendu sa démission, abandonnant l’équipe entre les mains de d’Emerse Faé, son adjoint, un ancien joueur ivoirien des années 2006. Ce nouveau coach a pu remonter le mental de ses joueurs. Il leur a enlevé la pression à laquelle ils étaient soumis. Il a mis en place un système de jeu qui permettait aux joueurs de jouer beaucoup plus en équipe. Évoluant dans un système 4-3-3, l’équipe ivoirienne était solide en défense. Le milieu était renforcé par les joueurs de flancs. À la récupération, le jeu était porté directement vers l’avant. Les joueurs ont cultivé l’humilité et la résilience.”
eXX : “Quel est pour vous le joueur ivoirien du tournoi ? Pourquoi ?”
M. Soh : “À ce niveau de la compétition, tous les joueurs sont bons. Mais selon moi, celui qui a donné le tempo, le rythme dans le jeu des ivoiriens se nomme Simon Adingra. Il est passé par l’Union Saint-Gilloise, il y a deux ans, dans le championnat Belge. Aujourd’hui, il évolue en premier League Anglaise, à Brighton. Très talentueux, ce gamin a une histoire : vivant à Abidjan, il a été arnaqué à l’âge de 12 ans par des individus qui ont promis à ses parents de l’envoyer dans une académie de foot au Bénin moyennant une somme de 300 euros. Une fois sur place, ces personnes mal intentionnées, l’ont abandonné dans la rue. Il a dû travailler dans des restaurants pour pouvoir survivre. Quelques années plus tard, jouant dans la rue, il a été repéré par un footballeur qui l’a invité à participer à un tournoi de foot organisé au Ghana. C’est au cours de ce tournoi qu’il a été recruté par des sélectionneurs européens… Il est passé de zéro à héros !”
eXX : “Comment cette victoire pourrait-elle influencer le développement du football en Côte d’Ivoire, en termes de formation des jeunes joueurs et de l’infrastructure sportive ?”
M. Soh : “En effet, de nombreuses infrastructures sportives qu’on appelle des “cités CAN” ont été construites dans tout le pays pour pouvoir mieux organiser cette coupe d’Afrique des nations. Ces infrastructures peuvent servir de cadre au développement du football ivoirien. Ce développement pourra rehausser le niveau du foot en Côte d’Ivoire. Des fonds peuvent être investis dans le foot. Cela permettra à nos jeunes de rester en Côte d’Ivoire et d’éviter la fuite vers l’Europe. L’idée pourrait être étendue à toute l’Afrique… À l’image des pays développés, les cités CAN qui ont été construites, pourront jouer le rôle de centres techniques de formation pour les jeunes filles et garçons.”
eXX : “En tant que professeur, pensez-vous que cette victoire puisse avoir un impact positif sur les jeunes étudiants ivoiriens, en les inspirant ou en renforçant leur fierté nationale ?”
M. Soh : “La fierté nationale, les jeunes ivoiriens l’avaient déjà. Elle est inscrite dans le second paragraphe de notre hymne national. Mais j’avoue que cette victoire vient d’accroître cette fierté nationale. Le parcours des éléphants à cette CAN est riche en enseignements. Il va permettre de booster nos jeunes étudiants dans leurs différentes études. La vie n’est pas seulement un long fleuve tranquille, elle est parsemée d’embûches, de difficultés. On peut tomber, mais il faut savoir se relever. Quand tu as 1% de chance, il faut la saisir ! Découragement n’est pas Ivoirien.
eXX : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions avec passion et encore félicitations à la Côte d’Ivoire !