Comment survivre à la salle d’étude ?

Les chroniques du bout de la cour (4)

En ces temps troublés où les professeurs accompagnent les élèves en voyage toutes les cinq minutes, toi, jeune élève, tu risques bien souvent de te retrouver avec une heure de fourche. Ces heures de repos, bénies par tout élève, sont souvent caractérisées par les cris de joie émanant des classes lorsqu’elles sont annoncées par les éducateurs, et par les timides “Est-ce qu’on est licenciés, m’sieur ?” qui suivent…

Le licenciement

Les lois du licenciement sont absolument incompréhensibles. Il y a bien l’air d’y avoir quelques règles, telles que les licenciements en fin de journée, mais il arrive souvent que des élèves ayant fourche en 7ème heure doivent rester à la salle d’étude. Il est généralement conseillé d’éviter de parler à ces élèves. Ils sont si enragés de devoir rester qu’ils en deviennent dangereux pour leur entourage.

Le licenciement est une joie pour tout élève. Pouvoir te vanter d’avoir fini deux heures plus tôt, pouvoir prendre le 42 sans devoir retenir ton souffle pendant tout le trajet…

Mais si tu n’as pas cette immense bonheur, il faudra te résoudre à aller à la salle d’étude.

La salle d’étude

La salle d’étude titille deux de tes sens : l’odorat, en premier. L’odeur de café emplira tes narines à toute vitesse. Ton ouïe sera aussi sollicitée par une phrase culte : « Un par banc, un banc d’écart ! Le premier qui parle aura cinq pages ! » Cette phrase semble toujours complètement irréaliste à tout le monde, vu qu’il y a toujours 80 personnes à la salle d’étude .

En général, la deuxième menace ne tient tout simplement jamais. Au bout de cinq minutes, tout le monde court partout, les gens n’essayent même plus de cacher leur iPhone, et personne ne remarque rien.

Si tu fais partie d’un de ces malheureux élèves qui ont un de ces profs sadiques qui donnent du travail à la salle d’étude, tu es mal barré. La salle d’étude a en effet un nom très inapproprié : il t’y sera impossible d’y étudier, ni de faire quoi que ce soit. Ta meilleure chance de survie est d’aller avec les filles qui font semblant d’avoir leurs règles pour ne pas devoir aller à la piscine, elles ont aussi un travail obligatoire.

Si, à l’inverse, tu es un élève avec un prof qui se rend compte que vous étudieriez plus facilement dans un bombardement, tu te sentiras probablement aussi coupable de ne rien avoir fait de ton heure de fourche. Pour avoir l’illusion de faire quelque chose de constructif, la meilleure solution est de dater ton journal de classe. Ou, pour les élèves du cycle supérieur, c’est l’occasion rêvée de compléter ton journal de classe dans lequel tu n’as plus rien noté depuis le mois de novembre.

Il y a aussi les élèves qui comptent sur les heures de fourche pour faire leur travail. Cette méthode est très peu stratégique. L’auteur de cet article est une fainéante qui s’assume, et a ainsi eu souvent recours à cette méthode. C’est un échec total. Une des missions les plus dures qu’il soit dans cette catégorie, est de terminer un livre en dernière minute à la salle d’étude. La salle d’étude a le don de transformer n’importe quel livre intéressant en livre du niveau d’intérêt du « Construire l’Histoire », c’est à dire que les mots défilent devant tes yeux, sans jamais arriver jusqu’à ton cerveau. A la fin de l’heure, tu as lu 70 pages, mais tu réalises que tu n’en as absolument rien retenu : pas étonnant, avec ceux qui jouent à la PSP devant, les lancers de boulette de papier derrière, et la fille qui raconte sa vie amoureuse à côté…

Pour résumer, on peut donc dire que la salle d’étude est un endroit très singulier, où il est impossible de faire quoi que ce soit. Faites tout ce que vous pouvez pour être licenciés. C’est mon conseil principal de survie.

Eva Seifarth

Les autres chroniques du bout de la cour :

Survivre à la file chez Sodexo

Survivre à la Saint-Valentin

Survivre à la remise des bulletins


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5 Thoughts to “Comment survivre à la salle d’étude ?”

  1. mauroy

    très belle description totalement réaliste
    Vous pouvez toujours profiter de la salle d’étude pour rêver…

  2. salomé bornemann

    ouuuaaiiii vive la salle d’etude 😮

  3. Mr Nootens

    Dans le fond, je suis persuadé que vous l’adorez cette Salle d’étude !
    Encore une excellente chronique. Bravo Eva !

  4. France

    Aaah, Eva! Le grand retour avec une chronique attendue par ses lecteurs assidus! Très belle évolution de style et du rythme! Je me réjouis déjà des prochains billets!

  5. Kathy Pereira

    C’est vrai en plus xD. Vive la salle d’étude!

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