Retraite à la ferme du Dorloû

Pour la solidarité internationale et la «souveraineté alimentaire»

Pendant trois jours, du 4 au 5 février, tous les rhétoriciens ont été invités à partir en “retraite”. Il s’agit d’un séjour dans différents lieux, chacun avec sa spécificité, pour permettre à chaque élève de se reposer, prendre du recul par rapport à sa scolarité, se retrouver, se découvrir et se préparer à quitter le monde des secondaires pour le grand saut dans la vie d’étudiant. Parmi les différentes propositions (une initiation à la méditation bouddhiste, un grand trek dans les Vosges, une retraite à Maredsous et encore bien d’autres) il y avait la retraite à la ferme du Dorloû, dans la région de Ath, dans le cadre de la solidarité internationale et la « souveraineté alimentaire ».

Nous étions le plus grand groupe à partir pour une même retraite. Vingt-huit élèves accompagnés de Mme Vandenbulck, bien équipés pour la vie à la ferme (bottes, manteau et vêtements salissants), se sont donnés rendez-vous à la gare Bruxelles-Central. Nous sommes arrivés à la ferme aux environs de dix heures. L’accueil a été très chaleureux. Un Berger Australien, du nom d’Eliott, a bondi sur Mme Vandenbulck, à la recherche de caresses. Nous avons découvert d’une vue extérieure la ferme où nous allions apprendre la vie de fermier et découvrir la nourriture bio. L’entrée donne sur une grande cour pavée. Plusieurs annexes forment avec le bâtiment principal, un carré entourant la cour. Il y a le magasin où les fermiers vendent leurs produits, la boulangerie, la laiterie et la grange. Les étables et basse-cour se trouvent derrière tout cela et nous allions le découvrir plus tard.

L’heure était venue de découvrir notre gîte pour trois jours. Situé à un quart d’heure de la ferme, l’immense bâtisse nous a quelque peu effrayés aux premiers abords. Il s’agissait d’un ancien internat en rénovation. Le premier bâtiment nous était désigné. Il contenait plusieurs chambres au-dessus pour les garçons et l’étage en dessous pour les filles. Mme Van Elder nous montra comment occuper l’espace. Plusieurs matelas étaient entassés dans un coin. Nous avons dû les répartir dans la pièce pour les dix filles. Horreur, il n’y en avait que neuf. Mais, les filles ne se découragent pas si vite et la solidarité compte avant tout. Il a été convenu qu’une des filles dormirait entre deux matelas. Et puis, cela avait son avantage. Avec les radiateurs défectueux, la proximité des filles les réchauffait. Nous avons ensuite pu faire un tour du côté des douches. Elles étaient à l’autre bout du bâtiment où nous dormions, dans une ancienne salle de classe apparemment devenue salle de douche. Il n’y avait pas de chauffage. De simples rideaux de douche délimitaient l’intimité des habitacles. On ne s’y est pas attardées. Les choses négatives devaient être vite oubliées. Nous avons quitté notre gîte et avons pris la route pour la ferme.

La première activité a été une rapide visite de la ferme. Sur les pas d’Eliott, le fermier nous a montré toutes son exploitation. Nous nous sommes rendus dans la laiterie où étaient entreposées de curieuses machines pour le lait ainsi que la fabrication du beurre et de fromages. Nous avons ensuite visité l’étable des vaches. Je ne saurais dire combien il y en avait exactement. Mais c’était la première fois que j’en voyais autant. Le fermier nous expliqué qu’il s’agissait de vaches laitières. Il a expliqué son travail de tous les jours, son exploitation, le coût de tout cela. Tandis que le fermier parlait, Eliott était monté sur une meule de foin et se roulait dedans en faisant tout tomber. Nous avons pu toucher les vaches qui étaient en train de manger. Elles avaient l’air bien calmes mais le fermier nous a dit qu’il n’en était pas toujours ainsi. Il nous a montré la meneuse du troupeau, celle avec les plus longues cornes, Betty. Nous avons quitté l’étable pour une autre installation qui abritait les veaux venant tout juste de naître, les poules infernales dans leur basse-cour, les poussins, et les cochons, énormes et puants. Dehors, il y avait aussi les lapins dans leurs cages.

Après ce tour dans la ferme, l’heure est venue de manger. On nous servait à chaque repas de midi, une soupe avec des légumes frais et bios. Ensuite, nous avons reçu du poulet avec des pommes de terre, un autre jour, des carbonnades de porc avec du riz et de la ratatouille, et le dernier jour, un assortiment de fromages et du pain gris. L’animateur, représentant de Quinoa (association pour la solidarité internationale et la souveraineté alimentaire), nous a proposé une première activité avec des chaises. Nous avions établi cinq zones dans la pièce qui représentaient chacune un continent. Nous devions ensuite déterminer par notre personne, le nombre d’habitants dans chaque continent, son PIB à l’aide des chaises et d’autres choses. Nous avons pu considérer l’immense écart entre l’Afrique et les États-Unis, par exemple. Nous avons réalisé d’autres activités comme le visionnage de « L’île aux fleurs », un court métrage poignant sur la condition humaine dans les pays comme le Brésil, un autre plus long sur la culture bio, « Nos enfants nous accuserons », qui dénonce l’usage de produits chimiques nocifs pour la santé par les agriculteurs. Nous avons fait aussi un jeu de société où chaque joueur représentait un agriculteur et avait pour tâche d’exploiter son ou ses champs et de vendre sa récolte malgré le coût du marché, les problèmes techniques et la concurrence. La dernière activité fut celle de la cordelette. Nous étions tous assis avec une identité en rapport avec la solidarité internationale et la « souveraineté alimentaire ». Chaque fois que nous pensions avoir un lien avec l’identité lue par un élève nous étions reliés à celui-ci par une corde. Ensuite, les identités qui avaient de la puissance se sont levées tandis que celles qui étaient inférieures se sont assises au sol. Toutes ces activités nous ont rappelé le danger permanent des pesticides sur notre santé et l’écart toujours grossissant entre les personnes du Tiers-monde et notre propre situation. Le dernier jour, nous avons dicuté des solutions à ce problème. Nous avons des ONG, des sentiments que cela provoquait en nous et de l’alimentation bio.

Après chaque activité, le fermier venait dans la salle et nous proposait de participer à la vie active de la ferme. Nous avons été séparés en petits groupes avec pour chacun une tâche spécifique. Certains ont été envoyés au ramassage des pommes de terre, d’autres aux copeaux de bois qu’il fallait mettre au pied des arbres car les copeaux agissent comme désherbant naturel. Il y avait encore le ramassage des œufs, le nettoyage des cages des lapins et le travail le plus pénible, le nettoyage des enclos des vaches. Quatre élèves étaient désignés pour ramasser la couche de cinquante centimètres de fumier à l’aide de fourches et de pelles pour le mettre sur le chemin du tracteur qui emmenait tout le fumier sur le tas situé à l’extérieur de l’étable. C’était un travail long et harassant. Les élèves en revenaient épuisés et morts de faim. Un groupe de courageux a même fait la vaisselle après ce pénible travail. Nous revenions ensuite à notre gîte, exténués, pour une nuit (agitée et froide pour certains).

Malgré le manque de confort et le travail fatigant de la ferme, cette expérience a été réellement positive. Nous avons côtoyé pendant trois jours les animaux de la ferme et nous nous sommes occupés d’eux. Il y avait une bonne ambiance dans le groupe et ceux qui ne se connaissaient pas ont pu se découvrir sous un autre jour. Nous avons appris beaucoup de choses sur la culture bio qui commence à prendre beaucoup de place sur le marché alimentaire. Nous avons compris la condition des peuples qui ne possèdent pas toujours de quoi se nourrir contrairement à nous. Nous sommes repartis de cette ferme avec le sourire, des souvenirs et une autre vision sur notre alimentation.

Laura Vandewauwer

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2 Thoughts to “Retraite à la ferme du Dorloû”

  1. Laura Vandewauwer

    MERCI :DDDD

  2. Tania

    Eh ben frchmt chapeau !! 😀

    Tu écris bien. jtrouve que tu as magnifiquement raconté ces 3 jours … que je ne saurais qualifié 😀

    Bonne continuation dans “l’écriture” ^^

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